Créatrice de la première banque privée de France et première femme à avoir intégré le comex du groupe BNPPARIBAS, Marie-Claire Capobianco a, durant toute sa carrière, balayé d’un revers de manche l’idée selon laquelle les femmes n’étaient pas suffisamment compétentes pour accéder à des postes à hautes responsabilités. Retour sur le parcours de cette autodidacte, avec le bac pour seul diplôme
Le goût du risque
Mais c’est aussi le goût du risque qui l’a menée là où elle est aujourd’hui « j’ai osé, à certains moments accepter des propositions à risque ». En effet, qu’il s’agisse d’ouvrir l’ensemble des activités du groupe au sein d’une région ou encore d’implanter la première banque privée de France et de l’exporter dans plusieurs pays, la femme aux cheveux d’argent ne refuse aucune proposition. Mieux encore, elle fait de chaque mission un succès. C’est ainsi qu’elle succède à François Villeroy de Galhau, polytechnicien, à la tête des réseaux France du groupe. Un poste qui, naturellement, la mène à faire partie du comité exécutif de l’un des dix plus grand groupe bancaire dans le monde.
Le lien comme moteur
Une carrière dans la banque qu’elle embrasse par hasard après des études avortées en psychanalyse. « J’ai très rapidement voulu être financièrement autonome et quand je suis rentrée dans la banque c’était parce qu’il fallait que je travaille » raconte-t-elle sans aucune nostalgie. Car pour Marie-Claire Capobianco, dans la psychanalyse comme dans la banque, tout est question de relation humaine « qu’il s’agisse de parler avec des équipes, des clients ou quel que soit le sujet, finalement ça se résume toujours à ça ». Sa chance, comme elle aime le rappeler, a été aussi de pouvoir s’épanouir dans ses activités. « Dès que je suis rentrée, J’ai adoré le contact. Je dis souvent que j’ai fait 3 découvertes successives : les clients, les entrepreneurs et les équipes. Ces 3 coups de foudre, ont fait que je suis restée à la banque et que j’y ai fait ma carrière ».
Lorsqu’on lui parle des obstacles auxquels elle a dû faire face, elle répond que « le premier obstacle, très souvent, c’est soi-même ». Et d’ajouter « on voit beaucoup de femmes qui ne font pas ce qu’elles pourraient faire parce qu’elles ne s’estiment pas légitimes ». Un biais qu’elle n’a pas « comme tout le monde, je me suis toujours posée des questions sur ma capacité à faire. En revanche, à chaque fois que je me suis posée des questions telles que : est-ce que je vais savoir ? est-ce que je vais pouvoir ? Je me suis dit pourquoi pas, dès lors que je m’en donnais les moyens ». Pour cette autodidacte, il n’y a aucune raison de faire moins bien que quelqu’un d’autre. Un leitmotiv qui lui a permis de surmonter certains obstacles, parfois sans en prendre pleinement conscience. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle occulte la réalité du terrain et des sujets majeurs comme la place de la femme dans l’entreprenariat ou l’égalité des chances.
Ses combats pour l’égalité
« Tout a commencé lorsque Dunya BOUHACENE Fondatrice de Women Equity for Growth et Présidente de Women Equity Partners, s’est rapprochée de moi pour proposer à la BNP de sponsoriser un index pour mesurer le nombre et la performance des entreprises dirigées par des femmes, comparé à celles dirigées par des hommes » explique Marie-Claire Capobianco. C’est ainsi que la directrice de l’activité banque privée prend conscience que les réseaux féminins n’étaient pas tournés vers le business et qu’il n’existait pas assez de chiffre pour prouver que les femmes n’étaient pas assez nombreuses à la tête des entreprises et dans l’économie en général. « A partir de cette prise de conscience, j’ai pu, dans mon activité professionnelle et dans mon engagement personnel, les deux se confondant, travailler pour pouvoir accompagner les femmes entrepreneures ». S’ensuit alors la création de Connect Hers, un programme destiné à accompagner les femmes dans le développement de leurs projets entrepreneuriaux, mettre en place les conditions de leur réussite et promouvoir l’égalité hommes-femmes. 2 milliards de crédit par an sont alors débloqués par le groupe pour les femmes entrepreneures « j’ai construit finalement tout un ensemble de brique au sein de BNP Paribas pour faire en sorte qu’il y ait plus de femmes entrepreneures ».
Mais ses batailles ne s’arrêtent pas là, elle est également très engagée sur des sujets comme l’égalité des chances « un sujet majeur pour moi parce que je pense que s’il y a un sujet d’inégalité en France, c’est bien celui de l’égalité des chances, Je crois qu’une économie doit être nécessairement inclusive pour mieux vivre ensemble. Dès lors que j’ai cette conviction, j’ai toujours fait en sorte que mes actes soient alignés par rapport à ça. » conclut cette dernière.
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Par Houda Benjelloune